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 Présentation de Matthias Speth

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Matthias Speth
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MessageSujet: Présentation de Matthias Speth   Présentation de Matthias Speth G1oWKMer 14 Aoû - 14:01

Présentation de Matthias Speth 764262PASSEPORT

Matthias
SPETH



Première partie : carte d'identité
NOM : SPETH
PRÉNOM : MATTHIAS
ÂGE : 12 ans
LIEU & DATE DE NAISSANCE : 15 mai 1933
PAYS D'ORIGINE : ALLEMAGNE

Cette partie est uniquement complétée par les admins !
UNITÉ : B
GRADE : Agent Opérationnel débutant
MATRICULE : A1B2
NOM DE CODE : Harfang


Dernière édition par Matthias Speth le Mer 5 Aoû - 18:28, édité 7 fois
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Matthias Speth
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MessageSujet: Re: Présentation de Matthias Speth   Présentation de Matthias Speth G1oWKMer 14 Aoû - 14:12

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(10 lignes minimum en tout)

• NAISSANCE :

1933 - München, Allemagne : Un peu d'histoire
1933, l’année où, pour moi, tout commence et tout finit à la fois.
Pour bien comprendre ce qu’il se passe, un petit retour en arrière paraît judicieux.

L’armistice voit donc le jour le 1 novembre 1918 et achève ainsi une belle horreur qu’a connu l’Europe, qui déjà, se dit « Plus jamais ! ». Ah ! Si seulement ça avait pu être vrai…

Le vieux continent est faible et ruiné au sortir de cette première grande guerre. La superpuissance s’écroule.

Sur elle-même. Les gouvernements ont dors et déjà perdu une quelconque crédibilité auprès du peuple, perdu et désabusé. Comme moi plus tard, ils ne sauront plus qui et surtout quoi croire.

C’est sans doute une partie des raisons qui pousseront les vainqueurs, à savoir la France, le Royaume-Uni,  l’Italie et les Etats-Unis, à rassembler tous les pays concernés par la guerre, dans le but de conclure des pactes, des traités.

Les réunions s’étaleront sur deux années, et c’est là que les premières maladresses qui mèneront au conflit que nous connaissons aujourd’hui seront commises. Tout d’abord, entre les quatre vainqueurs, il y aura des incompréhensions : l’Italie s’était vu promettre une partie du territoire polonais, qu’elle n’aura finalement pas. Claquage de porte et changement de camp. Bon, ce n’est pas ça qui provoquera la guerre, me direz-vous. Vous avez raison, il en faut un peu plus.

Les débats seront mal équilibrés. Déjà, il y avait plus de 5 pays alliés durant la guerre, n’est ce pas ? Eux, la Belgique par exemple, ont juste le droit de se taire, parce qu’ils sont trop petits ou semblent insignifiants. Du coup, n’imaginez surtout pas que les perdants puissent s’exprimer ! Au contraire, ils seront même désignés responsables. Mais au fait, pourquoi dis-je « ils » puisqu’il s’agit uniquement du pays qui abrite mes quelques millions de compatriotes et moi-même ? Mais voilà, il fallait bien désigner le grand méchant loup, et ce fut l’Allemagne.

Or, les historiens ont bien montré dans les années précédant ma naissance que tous les états  étaient responsables, à part le plat pays, il est vrai.

Bon, là encore, vous me direz que ce n’est pas suffisant pour déclencher un combat mondial. Ce serait sûrement le cas si justement, il n’y avait eu que cela.

Par le traité de Versailles, il sera donc décidé que nous devrions payer cette guerre : terrains, dettes colossales, interdictions et restrictions diverses, j’en passe et des meilleurs. Le méritions nous vraiment ? Oui et non, selon moi, dans le sens où tout le monde avait un peu provoqué ce cauchemar, à part la Belgique qui n’avait rien demandé si ce n’est la paix.
Bref, pendant que les autres s’enrichissent de nos précieux Marks, que l’on doit délivrer sans fin, nous restons dans la misère, dans la poussière de la Première Guerre Mondiale.
L’injustice, la rancœur et la frustration enflent de jour en jour ici, comme le chômage d’ailleurs.

Ma maman, Caroline Gern, avait été licenciée de son laboratoire de recherche pharmaceutique à Berlin. Elle y avait d’ailleurs rencontré mon papa, Marc Speth, avant de déménager à München. Tout ça, alors qu’elle parlait couramment le français, de par sa famille, et qu’elle était une brillante diplômée en Sciences Pharmaceutiques de l’Université Libre de Bruxelles, réputée à l’époque pour son haut niveau. C’est dire où nous en étions !
Et cette année là, justement, en 1924, un certain Adolf Hitler en profite pour rentrer en scène, en publiant son livre Mein Kampf – mon combat donc- où il expose toutes ses idées tordues, farfelues, haineuses.

Mes parents, qui se cultivent du plus qu’ils peuvent, l’ont lu par curiosité, puisque l’on clamait se livre comme une révolution. Dans un sens, c’est vrai, c’en est une. Mais celle-là est de mauvais goût, puisqu’il pose là les bases du nazisme.

La majorité des lecteurs seront malheureusement séduit par cet homme- il cite même des philosophes ! Qu’est ce qu’il a l’air brillant ! – mais pas mes parents, qui disposaient d’une culture générale très étendue, et qui ont vite compris qu’Hitler avait mal interprété les grands textes.

Bref, il y parle de la défaite de l’Allemagne, en désignant coupable les juifs. Sans vouloir les tuer, il propose de les déporter en Sibérie.

Et puis, il y a cette stupidité de Lebensraum, ou espace vital en allemand. La race germanique serait donc supérieure aux autres, et de ce fait, devait pouvoir disposer d’assez d’espace pour vivre correctement.

Le plan d’Hitler était de débarrasser l’Allemagne et les territoires proches des frontières des juifs, communistes ou soviétiques. D’ailleurs, dans son plan électoral qu’il développera par après, une de ses phrases fétiches qui reviendra souvent sera « Slavischen sind nur Sklave ! » (Les slaves ne sont que des esclaves !)

Il voulait bien évidemment récupérer le corridor de Dantzig, qui nous sépare de la Prusse Orientale et qui nous avait été retiré par le traité de Versailles.

Son entrée au pouvoir ne sera néanmoins pas pour tout de suite et attendra une Allemagne définitivement pourrie jusqu’au bout. Le marks ne vaut plus rien, si bien qu’il faut ramener une brouette de billets pour acheter un simple pain. Le taux de gens licenciés et d’entreprises tombant en faillite grimpe en flèche, déboussolant les économistes les plus doués.

Et l’année 1929 n’arrangera pas les choses. Cette année correspond à la Grande Crise, qui sévit d’abord en Amérique avant de, bien évidemment, mettre doucement mais sûrement ses  pieds en Europe.

Et c’est tout naturellement qu’Hitler, avec ses fausses solutions-miracles, arrive au pouvoir, le 30 janvier 1933.

J’ai encore cette image très nette- parmi les quelques seules restantes- de mes parents qui avaient refermé le journal, la face très pâle, le visage presque malade et fiévreux. Sur la Une, on pouvait sans doute lire quelque chose comme « Hitler devient Chancelier de la République de Weimar ».

Et le fait qu’il y soit arrivé tout à fait légalement avait du encore plus attrister papa et maman.

1933 - München, Allemagne : Peut-être aurais-je mieux fait de ne jamais naître...

Heureusement, ils avaient une consolation : j’étais né 28 jours avant, le mardi 03 janvier 1933, à l’hôpital de München.

Mon papa m’avait souvent raconté l’histoire avec ces mots à peu près :


« Il faisait noir dehors. On pouvait voir, à travers la fenêtre du 2ème étage, les flocons virevolter à la lueur orangée du lampadaire. Cette année avait été un record en terme de chute de neige dans notre ville, et même partout en Allemagne. Comme il était devenu difficile de se déplacer rapidement et en sécurité, maman avait prit des précautions. Nous étions donc venus 1 semaine avant la date prévue, pour être sur de ne pas se voir pris au dépourvu au moment où tu sortirais… Et nous avons bien fait ! Au lieu de naître le neuf, comme estimé par les médecins à la base, tu es né le troisième jour du mois, six fois vingt-quatre heures à l’avance donc.

Le lendemain de notre arrivée donc, Maman s’est réveillée en sursaut, pleine de sueur. Les contractions étaient devenues trop fortes. Ainsi, une heure plus tard, j’ai eu l’occasion de couper ton petit cordon ombilical. »


Quand j’y repense, c’était donc là une première séparation avec celle qui m’a fait naître sur cette terre de dépravés, avant la finale, quelques années plus tard.

« Maman t’a alors pris dans ses bras, et bien qu’épuisée, avait doucement caressé ta tête, après que tu ai cessé de brailler, tout en murmurant : Quel enfant magnifique ! Je ne l’avais pas vue aussi heureuse depuis bien longtemps je dois dire. Le médecin a ensuite ajouté que tu étais peut-être mignon, mais que tu n’étais pas blond et que tu n’avais pas les yeux bleus. Quel monstre, ce néo-nazi ! Je lui avais d’ailleurs dit de s’en aller fort fort loin de la salle d’opération sans quoi il regretterait d'avoir été nommé responsable de ta naissance »

Il disait ça pour m’impressionner, mais au fond de moi, je savais que c’était faux : Papa était bien trop gentil pour faire du mal à une mouche. C’est vrai, je n’étais pas blond, je n’étais pas l’allemand typique, et alors ?

«Nous sommes donc partis du centre hospitalier le sept janvier. Tu n’es pas né dans une période facile Matthias, autant te prévenir. Nous ferrons tout pour te prévenir de ce mal nazi, mais nous ne pouvons pas le promettre. Il est difficile de résister face à tout un peuple quand tu es tout seul, aussi intelligent sois-tu. »

Je lui avais d’ailleurs un jour demandé ce qu’il voulait dire par « mal ». J’étais petit, c’est un concept plus complexe que la majorité des gens ne le croient, et je voulais le comprendre. Il m’avait alors répondu quelque chose comme ceci, d’ailleurs cela m’avait fait un peu peur :

« Tu me demandes ce qu’est le mal, Matthias ? »


• ENFANCE:


1933 - München, Allemagne : L'amélioration avant la descente aux enfers.

Et la vie commença son cours, continua pour mes parents, forcément un peu modifiée par ma présence toute nouvelle. Les conditions de vie s’étaient même améliorées : maman avait retrouvé du travail dans un laboratoire non loin de notre maison, doublant les revenus de la famille. Il valait mieux en profiter avant que d’autres malheurs n’arrivent à l’Allemagne et au monde entier. C’est pourtant bien ce qui se profilait à l’horizon en lisant le journal. Bien sûr, je ne savais encore déchiffrer l’alphabet, j’étais bien trop jeune pour ça – je ne savais même pas encore marcher- mais ma mémoire auditive était bonne. La voix grave de mon père lisant les mauvaises nouvelles à ma mère, pendant qu’elle nous cuisinait un bon repas, était assez troublante.

« Caroline » commençait-il toujours « regarde ça ! » continuait-il de façon affolée. Et alors, une fois c’était « mise en place du décret présidentiel pour la protection du peuple et de l'État », une autre fois c’était l’interdiction d’un tel parti politique ou d’un autre, etc.

Bref, l’Allemagne glissait doucement vers une dictature terrifiante. C’est aussi à cette période, déjà, que les juifs seront victimes de lois spécifiques contraignantes. Celles-ci seront de plus en plus difficile à supporter, si bien qu’à la fin de l’année 1933, 35 000 juifs auront quittés le pays.

Ma ville natale, par contre, profitait d’un véritable relifting, grâce à ce redressement soudain de la situation. Ainsi, les bâtiments détruits durant la guerre se voyaient enfin reconstruis, après avoir été maintenus une dizaine d’années en ruine. Le commerce aussi, se portait mieux. Les échoppes ne tombaient plus en ruine l’une après l’autre.

Depuis ma naissance, par contre, le temps passait, et mes parents paraissaient de plus en plus anxieux, et ce par la présence d’une personne dans le paysage politique du pays, venant sérieusement assombrir l’avenir de notre pays, j’entendais parfois papa et maman débattre sur l’utilité de rester en Allemagne, où ils ne se sentaient plus à leurs places.
Une ou deux fois par mois d’abord, puis une fois par semaine, avant de passer à tous les deux ou trois jours pour finir avec sa tête à la une des journaux tous les matins, en buvant son café bien utile pour faire passer les nouvelles qui s’empiraient.

En effet, la plupart des quotidiens germaniques ne faisaient que clamer les merveilles accomplies par le Führer, sans doute manipulées par le gouvernement. Mais les gazettes européennes ne faisaient pas mieux. Bien sûr, elles ne vantaient pas les mensonges de l’homme à la moustache ridicule, mais elle restait simplement là, pantoises face à la montée en puissance du personnage. Et bien sûr, malgré les mises en gardes répétitives de la dangerosité du dictateur, personne ne réagissait.

Mes parents ne devaient pourtant pas être les seuls à avoir deviné la folie du futur du vieux continent si cet homme fou et son parti restaient au pouvoir… C’était rageant tout de même !
Moi, je ne comprenais pas tout évidemment.  Mais je percevais bien que quelque chose clochait, vu la tête de mes parents, et que ça s’empirait : « Réformes des lois de travail »,  «remaniement de la SS », « Création et extension secrète des différentes armées », « Violation du traité de Versailles : Hitler permet la remilitarisation de l’armée », etc.
Et tout le monde avait bien trop peur pour agir. Moi-même, je dois dire que, sans savoir pourquoi, j’avais peur de tout ça… Je tenais ça de mes parents sans doute.

Et en même temps, je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait en moi. J’étais trop petit pour percevoir correctement la gravité de la situation. Néanmoins, du haut de mes trois ans, je ressentais la gravité de la situation en Allemagne : l’économie n’allait plus si bien, le taux de chômage était remonté en flèche – ma mère avait reperdu son travail,  décision du directeur vivement encouragée par la vision du IIIe Reich : en effet, Hitler et ses compères préféraient voir les  dames en bonnes mères au foyer.

Du coup, elle passait plus de temps avec moi. J’avais trois ans, mais en Allemagne ne commençait officiellement l’école qu’à 6 ans, pour rentrer à l’école primaire. Mes parents avaient décidés d’éviter de m’envoyer dans une Kindergarten, une école maternelle municipale, parce que l’enseignement était désormais contrôlé par les Nazis, qui cherchaient à endoctriner les enfants. Les Jeunesses Hitlériennes n’étaient pas rendues obligatoires pour rien – mais à partir de 10 ans, donc j’étais encore momentanément épargné- parce qu’un bon dictateur est un dictateur qui a réussit à toucher la jeunesse, gros moteur de changement.
Tant qu’à faire, mes parents voulaient éviter ceci en m’inculquant eux-mêmes ce qu’un enfant doit apprendre à mon âge : les formes, les couleurs, les chiffes, et ainsi de suite. Ma maman me mettait souvent dans ma poussette pour aller se promener et prendre l’air dans l’Englsicher Garten. Le jardin anglais de München était réputé à travers le monde entier pour ses magnifiques étendues vertes, ses multiples bâtiments remarquables, tel que la tour chinoise ou le Monopteros. J’aimais particulièrement bien marcher autour du lac Kleinhesseloher, perdu dans les 4 km² du parc. Durant l’été 1936 d’ailleurs, il y avait moins de monde que d’habitude dans l’espace vert. En effet, tout le monde s’était rué vers les Jeux Olympiques de Berlin, ouvert le 1er août.

De ce que j’ai pu en entendre, la célèbre phrase « l’important est de participer » n’était plus valable : sur un fond d’antisémitisme et de xénophobie grave, Hitler utilisait les  JO comme moyen de propagande, pour prouver au monde entier que la race Arienne était bien supérieur au reste du monde. Évidemment, la majorité des gagnants étaient allemands… Mes parents, bien que s’intéressant généralement au sport, avaient tourné le dos à l’événement, contrairement à beaucoup de nos compatriotes qui avaient remplis les trains pour se rendre à Berlin. Et si ils avaient su que ces mêmes locomotives tracteraient, quelques mois plus tard, des wagons remplis de Juifs vers les camps de concentration et d’extermination, seraient-ils allés avec autant d’entrain dans la capitale ? Mes parents en tout cas, même s’ils ne savaient pas encore ce qui se tramait – ils s’en doutaient plus ou moins, sans en être sur – ne souhaitaient pas du tout rentrer dans ce piège là.

1937 - München, Allemagne : En route vers la guerre

Quelques jours après l’anniversaire de mes quatre ans, Hitler obtint plein pouvoir pour quatre années supplémentaires. Cette année là, rien de bien spécial ne se passera pourtant. Oh bien sûr, mon pays continue à s’enfoncer dans le gouffre sombre et obscur du nazisme, mais la vie continue son cours. Mussolini rencontre notre cher Führer en septembre, et quatre mois plus tard, le commerce est interdit aux Juifs. Je ne comprends pas encore vraiment pourquoi ceux-ci ne quittaient pas ma nation que j’aimais de moins en moins.

En fait, c’était bien simple, les Juifs, personne n’en voulait en Europe et dans le monde. L’antisémitisme n’était pas juste une vague mode en Allemagne, mais était bien imprégnée dans la population mondiale.

Et pourtant, il aurait mieux valu qu’ils le fassent, parce que Janvier 1938 marqua un réel début de menace pour ceux-ci : un décret sera publié, permettant à la Gestapo d’envoyer en camp tous ceux dont les tendances menaceraient l’Etat. Je vous laisse deviner de qui il s’agit en premier… Mon père était facilement au courant de ces choses-là, non seulement parce qu’il était assez cultivé pour comprendre par lui-même, ensuite parce qu’il avait des relations avec des hommes assez hauts placés dans l’Etat, notamment dans le laboratoire. Ce genre de choses n’était pas affichée dans les journaux, qui passaient cet épisode sous silence, de peut de trop choquer les gens sans doute. De toute façon, n’importe quel nigaud pouvait comprendre que la situation était déjà perdue pour nous.

Ce qui, par contre, défraya la presse germanophone, fut l’envahissement de l’Autriche par les troupes allemandes, surtout de Bavière, Bündesland limitrophe au pays convoité. L’ambiance était devenue franchement glaciale à Munich,et pour la première fois, la ville perdait vraiment tout son charme par la présence des soldats.

Globalement d’ailleurs, la présence des policiers dans les rues s’étaient décuplée : l’Etat cherchait quiconque sortait de la norme, pour pouvoir les envoyer en camp, et ainsi purifier les terres. Il est vrai que nous n’étions pas Juifs, mais mes parents étaient Résistants avant l’heure, déjà rien qu’en s’informant clandestinement et en propageant ce que la presse manipulée ne disait plus. Il fallait absolument dénoncer ce qui se produisait pour décrédibiliser le gouvernement. Et ça, ça pouvait valoir la mort tout de suite, sans doute. Bref, nous devions rester sur nos gardes, sans avoir peur d’être pris la main de le sac néanmoins, sans quoi, nous ne pourrions plus rien faire.

La nuit du 9 au 10 novembre 1938 : La Nuit de Cristal

1938 fut l’année qui, clairement, marquait une radicalisation du régime. Cela se fit particulièrement ressentir la nuit du 9 au 10 novembre, nuit que l’on renommera plus tard la Nuit de cristal.

Il devait être deux heures du matin environ, lorsque je me réveillai en sursaut. Les sons traversaient aisément le fenêtre de ma chambre. Celle-ci se trouvait au premier étage de notre petite maison entourée d’un jardin où les plantes sauvages grimpaient follement dans tous les sens. Mes parents n’étaient pas très jardiniers visiblement. J’aimais bien jouer dans les herbes hautes, jouer à cache-cache avec mon papa et ma maman. Bientôt, néanmoins, le cache-cache auquel je devrais me livrer ne serait plus drôle du tout.

Dehors, des cris d’appel à l’aide retentissaient dans la rue et de la lumière traversait les rideaux. Je me levai de mon lit et me dirigeai vers la vitre pour regarder au travers. Des familles étaient poursuivies par des agents sur la chaussée. Ils étaient probablement tous juifs. Un indice me confirma cette pensée : la Grande Synagogue, qui ne se situait pas tellement loin de notre demeure, était en train de brûler. Le magasin juif d’en face – qui avait miraculeusement survécu jusque là et chez lequel mes parents se rendaient très régulièrement – était en feu. De jeunes allemands riaient autour. Le plus grand d’entre eux jeta une allumette derrière lui. Le feu éclairait son visage tout fier. Cette expression fut de suite chassée par une autre : celle de la terreur.

Le père de la famille qui tenait l’échoppe – que l’on connaissait bien- sorti de là, fusil à la main. La rage qui ébouillantait en lui était visible, et je le comprenais. Cet homme était, après mon père, le plus gentil que je connaissais. Il me donnait souvent des petites sucreries lorsque nous allions faire nos courses chez lui. Il n’avait rien des stéréotypes qu’Hitler utilisait habillement dans sa propagande. De toute façon, ces croyances étaient infondées et ça l’homme à la moustache le savait très bien : ce qui comptait était que ça marchait auprès du grand public.

Il cria quelque chose d’incompréhensible à travers le carreau, et braqua son arme contre la tête des gosses. Je savais qu’il ne comptait pas tirer sur ces garçons, c’était une simple manière de les faire déguerpir. J’ouvris discrètement la fenêtre pour entendre ce qu’il se disait.

-« Tu oses nous attaquer, sale juif ? Ca ne va pas passer auprès de nos chefs ça… Attends toi à être transféré dans un camp de concentration ! Tu vas souffrir, mais tu ne mérites rien d’autre, sale juif ! »

Puis, ils firent volte-face avant de partir en courant en s’engouffrant dans une ruelle obscure.
L’homme resta planté là. Il ne savait sans doute pas très bien que faire, s’il fallait prendre ces menaces au sérieux. J’en avais la certitude. Hitler avait réussit à endoctriner les enfants dans des mouvements de jeunesse. Sauf que leurs pédagogie n’était pas celle de Baden Powell, mais bien d’Adolf Hitler, qui préconisait la prétendue supériorité de la race aryenne. Ses méthodes étaient bien simple : les chefs bourraient le crâne des garçons et des filles de propos racistes et infâmes et d’éloges radieuses d’Hitler et des aryens. Et bien sûr, les activités s’enchaînaient à une vitesse telle qu’il était impossible de réfléchir  ne fusse que quelques secondes sur ces messages transmis. Là, nous n’avions pas le droit d’être faible, d’être fatigué, de penser différemment.

Je me souviendrai toujours de cette scène lorsque je me promenais avec mes parents dans le parc, je devais avoir 5 ans : une troupe des jeunes hitlériennes était présente. Ils allaient bientôt commencer leur activité. Un des enfants était en larmes, il avait l’air tout triste. Un des adultes là pour encadrer les jeunes se dirigea vers lui. Au début, je cru que c’était pour le consoler. Mais non…

-« Eh bien, p’tite merde » lui hurla-t-il au visage « Pourquoi tu pleures ? »

Le flot de larmes reprit de plus belle. Le petit n’arrivait plus à parler. Ses paroles étaient inintelligibles. La main du chef vint violemment claquer contre la joue de l’animé. Sa peau en devint écarlate.

-« Moonnnn…. Paaa…ppaaaa… est...mort » lança l’enfant honteusement.

-« Ton papa est mort ? Et est-ce que c’est une raison de pleurer ? Un enfant des jeunesses hitlérienne n’est pas un faible et ne pleure jamais ! Tu m’entends ? Non mais ! Retourne jouer avec les autres, et plus vite que ça. »

Mes parents eurent l’air choqués. Je n’avais pas tout compris à ce moment là, maintenant bien. Le petit avait séché ses larmes – je ne sais pas comment il a fait, avec la dureté des propos du chef- et était parti en traînant les pieds.

Je crois que ce jour là, mes parents s’étaient promis que je ne ferais jamais partie de ce mouvement là. Ils avaient raison, je n’en aurais jamais l’occasion.

Mon papa sortit de la maison, en vérifiant d’abord qu’il n’y avait personne aux alentours, et se dirigea vers le monsieur d’en face dont je ne connaissais pas le prénom, ni même le nom.

-« Viens t’abriter chez nous avec tes enfants et ta femme. Va les chercher, prends quelques affaires et viens chez nous avant que les troupes ne se ramènent. Sinon, vous courrez un grave danger. » murmura mon père, tout juste assez haut pour que je puisse entendre.

-« Mais… Et vous ? »

-« Nous, peu importe, c’est là seule chance pour vous de survivre. Il est trop tard pour partir à l’étranger, les frontières seront fermées, et on vous enverra en camp, tout simplement. »

-« Mais si vous vous faites prendre ? »

-« Eh bien, peu importe, prions n’importe quel dieu pour que nous ne nous fassions pas prendre. Et si c’est le cas, et bien ne serons morts dignement, sans être tombé dans des actions racistes et nazies. »

L’homme hocha lentement de la tête  avant de se retourner, rentrer dans le magasin tant que l’incendie n’était encore que isolée au grenier.

Mon père les attendit devant, tout en se prévenant d’une quelconque présence les trahissant aux alentours.

Enfin, l’homme débarqua, un petit sac à la main, suivie de sa femme enceinte qui tenait un jeune bébé. Derrière eux se traînaient encore tout endormis leurs enfants, 3 garçons et 4 filles. C’était vraiment une famille nombreuse, mais ce détail était peu étonnant à l’époque. Une telle situation était assez fréquente.

Je descendis du rebord de la fenêtre en sautant, courai vers la porte de ma chambre, avant de descendre quatre à quatre les marches de l’escalier qui me séparait du hall d’entrée ou nos nouveaux « résidents » ne tarderaient pas à débarquer. Il fallait les accueillir dignement tout de même… Ce n’est pas ce que pensa mon père visiblement, qui me rabroua- fait très étonnant de sa part- assez vite en m’ordonnant d’aller me recoucher. Il me promit néanmoins de m’expliquer le lendemain matin. Comme toujours, je l’écoutai, je savais qu’il avait raison. Je remontai rapidement dans ma chambre en effectuant néanmoins  une petite halte sur le palier, pour écouter ce qu’il se disait en bas.

-« Venez en bas » dit papa de sa voix calme et posée ou transperçait néanmoins une étrange vibration encore inconnue pour mes oreilles à ce jour. « On va vous cacher. J’ai bien peur que votre nuit soit diffici… » Sa voix se perdit dans les sous-sols de notre maison.

Mais il eut raison de prendre des précautions du genre. En effet, les troupes arrivèrent sur les lieux juste quand j’avais posé mes fesses sur mon lit, juste après avoir regardé par la fenêtre l’épicerie d’en face brûler à jamais. J’étais tétanisé lorsque j’entendis le bruit strident de la sonnette raisonner dans toute la cage d’escalier jusque dans ma chambre. Je restai cloué sur mon matelas, je retenais presque ma respiration, les mains crispés contre mon matelas. J’avais peur, et les frissons parcouraient mon corps à une vitesse affolante.

-“Guten Abend ! Entschuldigung, Wir kommen Sie stören weil Ihre Jüden Nachbaren sind gefliegen! Haben Sie nichts gesagen?” criait l’agent suffisamment fort pour réveiller tout le monde ici.

-“Nein, wir haben nichts gesagen, entschuldigung.”

-“Kein Problem, Herr Speth. Guten Abend”

Puis j’entendis la porte claquer. Les soldats étaient partis, je me détendis. Sans doute n’avaient-ils pas suffisamment de pouvoir pour aller plus loin qu’un simple « avez-vous vu quelque chose ?». Ils ne pouvaient donc pas fouiller la maison plus en profondeur.

Pourtant, plusieurs indices auraient aisément indiqué que quelque chose clochait. Mon père semblait bien trop réveillé pour quelqu’un qui vient d’être tiré de force de son sommeil, et il avait ouvert la porte trop vite. Et puis, il n’avait pas semblé surpris par la question.

J’espérais maintenant que ces agents étaient suffisamment bêtes pour ne pas penser à ces éléments là.

Sans plus penser à rien – j’avais fais le vide de mon esprit-, je m’endormis d’une traite dans mon lit bien chaud et bien douillet.

Novembre 1939 – München, Allemagne : En danger ? Et alors !

Lorsque je rouvris les yeux, la clarté du soleil de novembre, qui essayait tant bien que mal de traverser la masse opaque que formaient les nuages, m’éblouit légèrement. Après tant d’efforts, ce n’était pas un mince rideau qui allait l’empêcher de rayonner.

Je me levai tôt. Ce n’était pas mon genre de rester traîner dans mon lit, et la température ambiante dans le maison était tout juste bonne : pas trop chaude, pas trop froide.

L’hiver s’annonçait froid et rude. Le gel serait probablement meurtrier pour ceux qui n’avaient pas d’abris. J’entendis mon papa – je reconnaissais ses pas rapides gravir les marches- monter l’escalier. Je passai ma tête par l’entrebâillure de la porte pour lui montrer que j’étais réveillé : il devait me raconter les faits de hier soir ! J’étais toujours avide de ses histoire, j’étais fascinés quand elles étaient fausses et qu’il les inventait, mais quand elles étaient vrais, j’étais tout simplement pendu à ses lèvres, et je pouvais alors l’écouter des heures durant. Papa était un formidable orateur !

Nos regards se croisèrent, il me sourit et se dirigea vers moi. Il me fit un bisou sur la joue, pris ma main, et me fit assoire sur mon lit.

-« Bien dormi, Matt’ ? » disait-il en français, peut-être dans le but de ne pas se faire comprendre par les autres.

-« Plutôt pas mal et toi ? Alors, tu me racontes ! »

Mon excitation lui arracha un sourire.

-«Bien sûr, Matt’, bien sûr, comme d’habitude. Mais d’abord, promet moi de ne raconter ça à personne, et de ne même pas en parler avec nos nouveaux hôtes. Juré ? »

J’hochai de la tête, je n’avais pas vraiment écouté sa clause pour l’histoire. J’étais trop impatient. Mais je la gardais néanmoins dans un coin de ma tête : j’y reviendrais plus tard.
C’est ainsi qu’il commença son récit d’hier soir. Comme moi, il avait été réveillé par les bruits. Il avait lu dans le journal ce matin que les nazis avaient trouvés une belle excuse pour attaquer les juifs, détruire leurs magasins et brûler les synagogues : des juifs auraient tués plusieurs allemands à Paris, dont Ernst vom Rath, premier secrétaire général de l’ambassade allemande. Bref, après ce massacre, injustifié, la ville était sérieusement amochée, et l’ambiance qui régnait dans les rues était fort pesante.

Mon papa connaissait bien les voisins d’en face. Cela faisait quelques années qu’il allait faire les provisions de vivres là-bas, et M.Horowitz, puisque c’est comme ça qu’il s’appelaient selon papa, l’avait vite repéré comme sympathique voisin, absolument pas antisémite, sans doute un fait rare à notre époque.  En fait, dans son magasin venaient principalement les autres juifs de la ville, alors nous étions vite repérables.  

Avant qu’Hitler ne lance toute ses réformes antisémites, nous allions souvent prendre le thé chez eux- mais j’étais trop petit pour me souvenir- jusqu’à ce qu’il devienne dangereux pour nous tous de simplement traverser la rue et dire bonjour. Bien sûr, mes parents continuaient à le faire, mais en douce, notamment pour ne pas me mettre en danger. Ils s’appréciaient vraiment très fort, c’était donc normal qu’on leur vienne en aide.  

Si avant la famille avait été très riche, le boycott général des magasins juif avait fait descendre fameusement la courbe de bénéfices. La situation était devenue très pénible avec leurs 8 enfants- bientôt neuf !-, ils étaient épuisés et au bout du rouleau.

Et puis, il semble que la bande des nazis commençait à prendre les juifs – et tous ceux qu’ils considéraient comme « déchets de la société » à savoir  opposants, homosexuels, personnes handicapées, tziganes, etc – pour les envoyer quelque part. « Mais sûrement pas au paradis » dis mon père pour commencer sa conclusion « il faut donc les cacher chez nous, le temps que cette vague d’antisémitisme passe. »

-« Et si ça dure plus longtemps que prévu ? » dis-je en haussant le sourcil.

Mon père me regarda. Son regard était sombre. Il soupira, ses épaules s’affaissèrent.

-« Eh bien, c’est malheureusement ce qui risque d’arriver Matthias, j’en ai bien peur… Tu peux aller à leur rencontre maintenant, mais ils doivent rester dans la cave, autrement, on pourrait se faire attraper, et alors… non rien»

-«Nous serons envoyés dans l’anti-paradis… » rétorquais-je à papa.

La maison était assez grande, et héritait sans doute d’une lourde histoire à travers plusieurs siècles. Cela devait sûrement être  conté dans un des nombreux livres, qui attendaient la moindre occasion pour livrer leurs sciences, dans la grande bibliothèque au troisième étage. Il y avait même un passage secret dans la cave.

La pièce n’avait pas de fenêtre, il fallait donc allumer l’ampoule suspendue au plafond pour y voir quelque chose. C’est la pièce à musique. Contre le mur trônait un piano, mais je n’y avais jamais joué, malgré mes doigts « de pianiste » comme me disais souvent mes parents. Je ne saurais dire pourquoi d’ailleurs, mais ce n’est pas parce que j’avais un désintérêt complet pour l’instrument. Peut-être était-ce simplement du au fait que l’appareil était installé dans la cave, où je n’allais évidemment jamais – peut-être par la présence d’araignées aussi grosses que mon poing –, donc je ne pensais jamais à m’entraîner, même si mes parents avaient essayé de m’y mettre. Ils auraient du mettre le piano plus en évidence s’ils voulaient avoir une chance de réussir.

À côté, il y avait une étagère posée contre le mur. Elle était remplie de partitions de Bach, Chopin, Mozart et d’autres compositeurs aux noms imprononçables. Mais l’objet le plus intéressant était sans nul doute le métronome posé délicatement à l’extrémité de la planche. Il avait été très finement sculpté, et devait sûrement coûter une fortune. Le bois était issu du cœur d’un tronc d’if des forêts de la Sibérie. Le brun était beau et lisse. Lorsque l’on enlevait le couvercle couvert d’écrits étrangers finement sculptés, apparaissait une aiguille d’or qu’il fallait manipuler avec beaucoup de précaution. À la base, elle servait bien sûr à battre le tempo d’un morceau. Mais, elle avait une fonction seconde beaucoup plus intéressante : mis à la bonne vitesse, à savoir tempo 161, elle permettait d’ouvrir une seconde partie de la cave. En fait, la pointe de l’aiguille devait percuter un petit bouton, mais à la bonne vitesse, sans quoi soit le bout passait à côté, soit il ne le touchait même pas, faute d’une vitesse suffisante. Un mécanisme était sans doute subrepticement intégré dans la cloison qui séparait les deux pièces.

Et dans cette deuxième pièce, nous avions caché la famille Horowitz.

J’actionnai le système, entendis des déclics le long des briques, avant qu’un pan du mur ne se tourne légèrement pour laisser un passage tout juste suffisant pour un adulte, mais amplement assez  large pour un enfant comme moi.

J’entrai dans la pièce, éclairée elle aussi par un unique globe lumineux. Contrairement aux autres pièces de la maison, celle-ci n’était pas travaillée. On ne l’utilisait pas vraiment, parce qu’on avait suffisamment de place autre part, et aussi parce que, selon mes parents, ce qui se passe dans cette pièce – de sa création jusqu’à nos jours-  était assez sombre et ténébreux. Mais peut-être que mon papa m’avait raconté ça pour me faire peur. Pourtant, au plus mon histoire allait avancer, au plus j’aurais de doute quand à ma théorie sur le sujet.
Papa avait fait de brèves installations pendant la nuit. On devrait leur apporter à manger, mais il avait descendu des matelas et des couvertures chaudes pour dormir convenablement, une petite étagère pour qu’ils puissent déposer leurs affaires, un tapis que nous n’utilisions plus pour que l’enfant puisse jouer tranquillement.

-« Bonjour, Matthias, je nous présente ! » dit-il avec un large sourire – sa situation actuelle ne semblait pas le déranger plus que ça- « voici  mes 4 fils :  Ametsi, 7 ans ; Gabrièl, 5 ans ;  Îmanouèl, 3 ans et enfin Réfaèl, 1 ans». Tous avaient un visage agréable à regarder, des cheveux noirs, de fins yeux verts, une peau légèrement pâle. Ils se ressemblaient comme deux gouttes d’eau, entre eux, mais également à leur père.  Ses filles, par contre, ressemblaient beaucoup plus à leur mère : grandes, minces, les cheveux noirs bouclés, de grands yeux marrons au regard pénétrant. Toutes avaient l’air très intelligentes, non pas que les garçons semblaient stupides.

-« Voici mes trois filles : Êlichèvâ, 6 ans ; Yoéla, 4 ans ; et Malkiéla, 2 ans. » C’était drôle, les filles avaient tout un âge pair contrairement aux garçons. Le couple avait eu à chaque fois un garçon et une fille en alternance. Le prochain bébé serait-il une fille alors ? Si, bien sûr, un jour il voyait le jour, ce qui était peu probable avec ce qui se tramait.

-« Enfin, voici ma femme Orla et moi-même Abraham ! »

-« Enchanté » dis-je de ma petite voix, légèrement intimidé par tout ce beau et nouveau monde.

Je sentis quelque chose tirer sur mon pantalon. Je baissai le regard, un peu intrigué, et vit Réfaèl, tout souriant, tenant un bout de chiffon qui devait faire office de peluche en main.
Le papa souriait.

-« Il semble déjà t’apprécier à ta juste valeur ! Pourtant, quand un étranger est là, il va tout le temps se cacher.  Tu as peut-être un talent inné avec les gosses… »

Il avait raison. Je me mis régulièrement à jouer avec les autres enfants. On s’amusait beaucoup. Ils avaient emmené assez peu de jouets, juste une peluche ou un objet fétiche qui aidait à consoler en cas de coup dur, ce qui devait arriver fréquemment à être enfermé sans interruption dans une seule pièce, faiblement éclairée et sans fenêtre, qui plus est. Le reste avait du brûler dans leur maison maintenant en cendres. Je leur prêtais des jouets que je n’utilisais plus. C’était étonnamment amusant d’y retourner, et des souvenirs me submergeaient à chaque fois.

En échange de l’hospitalité de mes parents, Abraham prit en charge une partie de mon instruction. Même si je n’avais que 5 ans, mes parents avaient voulu me dispenser une éducation plutôt exigeante : eux m’enseignaient l’allemand, le français et l’anglais, et puis la lecture aussi. Lui, m’enseignait les mathématiques, l’écriture et des rudiments d’hébreu. Je passais toutes les leçons avec les plus grands des enfants.

Je les aimais vraiment beaucoup, je regrettais qu’on ne puisse sortir, ne fut-ce que pour aller jouer dans le jardin. Mais c’était bien trop risqué, il suffisait qu’un voisin jette un vague regard par la vitre de son appartement environnant la maison, et nous étions morts. À éviter donc.
Comme je passais beaucoup de temps en bas, je ne suivais plus vraiment l’actualité, mais je me doutais que la situation empirait.


1 Septembre 1939 - Munchen, Allemagne : C’est la rentrée pour tout le monde !

Je venais de rentrer de mon premier jour d’école. Comme j’avais 6 ans maintenant, je devais aller à l’école primaire, avec tous les autres enfants. Cela constituait un sacré changement. Même si les garçons avec qui j’étais en classe semblaient très gentils, je n’arrivais pas à m’approcher vraiment d’eux. Je n’étais même pas sûr d’en avoir envie, à vrai dire. Je sentais déjà la différence de comportement et de maturité entre eux et moi. Ils semblaient tous déjà formatés à suivre Adolf Hitler comme de fidèles serviteurs, ils voulaient tous faire partie des jeunesses hitlériennes. Ils me faisaient peur…

Ce jour-là néanmoins, mon oreille s’alarme en entendant distraitement la radio, en rentrant chez moi, avec ma maman. Je prenais mon goûter dans la cuisine –avant d’avoir une petite leçon d’hébreux- lorsque le présentateur annonça de vive voix : « L’Allemagne envahit la Pologne sans déclaration préalable en ce premier septembre 1939 ! ». Ironiquement d’ailleurs, les journaux énoncèrent la nouvelle sous un titre qui ressemblait toujours à « Pour les soldats aussi, c’est la rentrée ». Personnellement, je ne savais pas s’il fallait en rire ou s’il fallait en pleurer, toujours est-il que ça ne m’étonnait pas vraiment.

Dans les quelques jours qui suivirent, la Pologne se fit massacrer, son armée n’était absolument pas prête, alors que l’envahisseur à poursuivi une modernisation et un élargissement de l’armée, tout ça en secret bien sûr, puisque il lui était formellement interdit de le faire.

À l’école par contre, c’est moi qui écrasais les autres. Forcément, je savais déjà lire et écrire, et mon niveau de langage était supérieur à celui des autres. Mais tout ceci me garantissait une solitude assez prononcée, pas que je voulais rester seul, mais parce qu’il n’est jamais bon de sortir du lot, ça fait peur. Du coup, en classe, je m’ennuyais, alors je dessinais tout et n’importe quoi, tout ce qui m’entourait.

Malgré la guerre en cours, la vie continua son cours. Papa ne devait pas aller au front, son travail dans le laboratoire était considéré comme trop important. Pourtant, au plus les jours passaient, au plus il paraissait étrange. Pas spécialement malade, mais il était moins curieux, moins bavard, plus vite énervé, si bien même qu’un jour j’entendis ma mère pleurer dans la cuisine. Je montai quatre à quatre les escaliers, j’étais en cours d’écriture et de calligraphie.

-« Qu’est ce qu’il se passe maman, pourquoi tu pleures ? »
Elle avait sa tête posée contre ses bras, croisés sur la table. Elle releva sa tête, une des joie rouge, son visage baignée de larme. Elle les frotta avec sa manche, renifla, et me pris dans ses bras. Son ventre était gonflé, elle attendait un nouveau petit enfant, un petit garçon ou une petite fille. J’étais heureux de cet évènement.

-« Ohhh, Matt’, je suis triste. Je ne sais pas vraiment si je devrais t’en parler, mais peu importe. Je ne sais pas ce qu’à Marc ces derniers temps… Il est… Il est devenu nerveux, colérique, violemment même » me dit-elle en montrant sa joue. « Je ne sais pas quoi faire, j’ai l’impression qu’il ne m’aime plus, j’espère que ça passera …»

Que pouvais je répondre à ça, moi ? Rien, alors je décidai de simplement me serrer plus fort contre elle.

-« Moi, je t’aime maman » dis-je en lui souriant, même si elle ne voyait pas mon visage.
Je crois que ça lui fit du bien, car elle se réactiva après pour préparer à manger. Je redescendis.

Malheureusement, l’état de Papa ne s’améliora jamais vraiment, il s’empira même. Il semblait manigancer quelque chose, mais quoi ?  J’avais peur, très peur même, de la réponse, même si je ne le savais que trop bien.

Je passais moins de temps en haut maintenant, mon père m’effrayait, je l’évitais, je ne voulais plus me confronter à lui, ni avoir à faire à lui. Il nous avait trahi…

15 Septembre 1939 – Munchen, Allemagne : Adieu les Speth…


On dormait tous profondément, sauf maman peut-être, trop angoissée parce que Papa n’était pas rentré. Soudain, j’entendis un bruit, venant d’en bas. Quelqu’un semblait cogner à la porte. Le bruit était si caractéristique, il n’eut pas été le même si l’on tapait du poing sur l’escalier par exemple. Je le connaissais bien, parce que souvent des visiteurs venaient frapper pour pouvoir rentrer.  Sauf que cette fois-ci, c’était beaucoup plus fort. Je crois que nos visiteurs ne cherchaient pas simplement à rentrer, cette fois, et prendre une tasse de thé avec mes parents…

Je me levai et jetai un coup d’œil par la fenêtre, que j’avais laissée ouverte parce que ma chambre manquait d’air, discrètement, pour qu’ils ne me voient pas. Ils, c’était une troupe de la Gestapo, qui tentait d’entrer par effraction. Parmi ceux-ci, il y avait une personne habillée en civil, repérable du haut parce qu’entouré d’uniformes.

Nous avions été démasqués donc. J’étais bien forcé d’admettre ce que je n’avais jamais voulu croire : mon père avait vendu la mèche.  Peut-être l’avait-il ramassé par terre d’ailleurs, parce que ses cheveux tombaient plus fréquemment ces derniers jours…

Je n’arrivais pas à avaler cette information, ou avec peine du moins. L’homme au milieu des soldats n’était bien évidemment personne d’autre que mon père. Il leva la tête, et nos regards se croisèrent.

Sans pouvoir me contrôler, mon corps devint raide et froid. Je frissonnai. Il était en pleur, d’une pâleur à faire rougir les vampires, et lançait des regards d’alarme. Je ne l’avais jamais vu ainsi. Il était devenu comme moins que rien. On se fixa discrètement, à l’insu des autres. Il semblait demander, implorer même, mon pardon. Mais comment voulait-il que j’excuse ses actes, sa trahison ? À cause de lui, j’allais sans nul doute mourir, où tout du moins subir une vie bien moins drôle. Je ne comprenais plus rien. J’avais mal de tête, alors même qu’elle était actuellement plutôt vide… ou trop remplie ?

Que faire maintenant ? Me cacher ? M’enfuir ? Trop tard, visiblement… J’entendis des pas derrière moi, tandis que je me massais le crâne pour essayer tant bien que mal d’enlever la hache qui essayait de fendre mon crâne. Le parquet craqua sous la semelle de l’officier, puis des mains agrippèrent mes épaules et me forcèrent à me retourner. Je ne me débattais même pas, trop abattu par la trahison de mon père.

Il était là, les bras pendus dans le vide, des cernes en dessous des yeux, la bouche ouverte pour dire quelque chose, un son qui ne semblait pas vouloir sortir. Il semblait plus faible que jamais. Son état était pitoyable.

-« Comment as-tu pu ? » dis-je d’un ton polaire- ma voix ne se réchaufferait probablement plus jamais- « Comment as-tu pu nous trahir ainsi ? Tu viens de nous envoyer à l’abattoir, là ! Tu peux être sûr qu’ils ne t’épargneront pas ! » Tout ceci en français pour que les autres ne comprennent pas.

-« Sei Still, bitte ! » cria un des officiers, il leva son arme en menace.

-« Je…je ne voulais pas… » répliqua-t-il, malgré l’épée de Damoclès au dessus de sa tête… où plutôt le fusil de Damoclès ici. Sa voix était basse, rauque et cassée. Il avait du mal à parler. « Ils…ils m’ont forcé… » lâcha-t-il dans un soupir.

-« SEI STILL, HABE ICH GESAGT !” hurla l’homme en uniforme, achevant ainsi de réveiller toute la maisonnée. Sur ce, il frappa violemment la tête de mon père avec la crosse de son pistolet. Ce dernier s’écroula par terre. Du sang gicla de  sa tête formant une flaque de plus en plus grande. Peut-être allait-il mourir, sans doute même… Je n’entendais plus sa respiration, déjà faible à la base.

Je ne savais pas vraiment si j’étais triste ou pas, je décidai de ne pas y penser maintenant et de revenir à cette question pourtant existentielle plus tard, où jamais…selon ma destinée proche.

Je ne montrai aucune émotion aux soldats devant moi, pas même la peur où la tristesse, où l’angoisse, où quoi que ce soit.

Le chef de la bande, du moins, c’est ce que je devinais à son plus grand nombre de badges, me regarda avec curiosité et étonnement. Je ne voulais pas savoir quels étaient ses projets me concernant. Mais je n’ai bientôt d’autres choix que de les écouter.  

-« Alors, on abrite des sales juifs chez soi, petit ? Tu sais pourtant que c’est contraire à la loi ! » dit-il en un sourire digne du diable. Il essayait de m’intimider

-« Le loi ? » rétorquai-je dans un éclat de rire « Laissez-moi rire, Monsieur…, votre loi minable et honteuse qui se base sur la haine raciale, très peu pour moi. »

Il était estomaqué. Cette réponse ne pouvait sortir de la bouche d’un gosse de 6 ans, sauf si celui-ci à entendu une partie de cette phrase depuis sa naissance.

-« Tu te fous de moi ? » Son sourire avait disparu et toute trace un tant soi peu chaleureuse avait disparu sur son visage . Il avait un visage de marbre. « Bon, on t’embarques, ainsi que toute ta famille et tes vauriens de juifs ! »

-« Qu’est ce qu’il se passe ici ? » cria une voix crispée derrière nous. C’était ma Maman. Le soldat se retourna pour voir qui était rentré dans ma chambre. Le regard de Maman se posa sur le corps sans doute sans vie de mon Papa.  Elle eut un haut le cœur, je vis des larmes monter à ses pupilles. Puis, elle se ressaisit, serra les poings et se dirigea vers l’officier devant moi.

-« Comment osez-vous vous prendre à mon fils ! » cracha-t-elle. On pouvait sentir la rage dans sa voix. Elle avait sans doute compris aussi le comportement de son mari.

Seulement, l’homme en face d’elle était beaucoup plus fort, si bien qu’il la maîtrisa sans problème, et lui passa les menottes. Mes mains aussi furent bientôt liées ensemble derrière mon dos. Je ne me débattis pas. Je tendis mes poignets au maximum lorsqu’il resserra les anneaux autour, afin d’avoir un peu de lest, et que ça fasse moins mal. La différence était minime, mais on résistait comme on pouvait.

Il nous menaça avec son fusil, et nous ordonna d’avancer, de descende les escaliers et de sortir dans la rue, et ce sans broncher de préférence.

En bas, nous avons retrouvé la famille d’Abraham. Les plus petits semblaient avoir du mal, les autres ne montraient aucune émotion.

Nous avons ainsi avancé dans la ville, jusqu’au commissariat de police, ou ils nous ont jeté dans des cellules différentes. J’avais quand même le droit de rester avec ma Maman.


15 septembre 1940 – Commissariat de Police, Munchen, Allemagne : Le dernier jour est-il arrivé ?

Il pleuvait dehors, les gouttes clapotaient contre la vitre. Même si l’heure était grave, cela m’aida à me détendre, à réfléchir à la situation.

-« Qu’est ce qu’on va devenir, Maman ? »

Elle me regarda droit dans les yeux. Elle semblait réfléchir, et ne parla pas tout de suite. Il se passa bien une minute avant qu’elle n’ouvre la bouche. Maman avait changé, même sa voix était devenue étrange à mes oreilles. C’était compréhensible, et je l’aimais quand même.
Cela faisait plusieurs heures que nous avions été enfermé dans cette petite pièce sordide. En passant devant les autres « cages », nous avions vu toutes des faces fatiguées. Elles étaient plutôt nombreuses. Où partait-on quand il y avait trop de monde ? Je n’allais pas tarder à le savoir.

-« Eh bien, Matthias, tu vo… »

Elle fut interrompue par le bruit de la clé dans la serrure, et par la porte qui grinça.

-« Venez » dit tout simplement l’homme qui venait de rentrer. Rien de plus, rien de moins.
Nous ne levâmes en un bon, et le suivirent. Ils nous enfila une paire de menottes à chacun, et nous emmena dans la cour derrière les bureaux des officiers. Il y avait déjà un petit attroupement là. Je ne trouvai plus nos autres compagnons.

Les forces de police nous ordonnèrent de marcher en silence et de suivre les premiers, ne pas être trop lent pour faire trébucher ceux de devant, ni trop rapide pour gêner ceux de devant. Bref, nous devions marcher au pas. Il ne manquait plus que le « Eins, zwie, eins, zwei,… » pour s’y croire.

Et ainsi se mit en marche une longue file, deux par deux comme à l’école, jusqu’à la gare. Du moins, c’est ce que je présumais puisque l’on suivait à chaque fois les flèches vers la gare ferroviaire.

J’étais à côté de ma Maman. C’était affreux. J’avançais comme un automate. Je ne pensais plus, je faisais juste partie d’une foule. Or, en théorie, une foule c’est bête. Cette pensée me fit frissonner. Pourtant, il ne faisait pas particulièrement froid. C’est l’être humain en général, qui me faisait peur.

Plongé dans ma pensée – j’essayais au moins de garder cette liberté- je ne vis pas le temps passé. Pourtant, il me semble qu’on a marché assez longtemps. Et puis, là, trônait le bâtiment de la gare principale de Munich.

Sur le quai nous attendait un train à vapeur attelé de wagons à bestioles. Je ne voyais pas de wagon voyageurs. Et puis, je compris. Évidemment. Nous avions trahi le Führer, nous étions considérés comme des bêtes, comme des moins que rien. Tout ce que nous méritions était des wagons en bois destinées au transports d’animaux et de marchandises diverses. De toute façon, il était peu probable que nous partions en vacances.

L’officier en chef passa nos noms en revue, pour voir si tout le monde était là. Ainsi, il cita nos noms l’un après l’autre. Lorsque nous étions appelé, on devait s’avancer, et monter à bord d’un des wagons. Mon nom de famille commençait par un S, donc nous étions dans les derniers appelés, à rester sous la pluie. Quoique je doute fortement que l’intérieur des Wagons soit mieux.

-« SPETH MATTHIAS »

Je m’avançai, l’officier hocha de la tête et m’indiqua le dernier wagon. Un autre agent me suivit et me fit monter à bord. J’étais le premier du dernier compartiment. Puis, il se remplit petit à petit. L’espace qui nous était alloué devenait de plus en plus retreint. Ma Maman était dans le compartiment avant, puisque son nom était Gern. Lorsqu’on l’a appelé, et qu’elle montait dans le wagon, elle s’est brièvement retourné vers moi, m’a regardé droit dans les yeux. Je crois qu’elle essayait de me dire quelque chose comme « courage, mon garçon, tu vas survivre, je sais que tu peux le faire !»

Je n’en étais pas si sûr, mais j’étais fasciné par le nombre d’informations impressionnantes que  l’on pouvait communiquer rien qu’avec les yeux.

-« Wie viel Stück ? » voilà la façon bien peu cordiale qui clôturait les comptes. Ce sur quoi, l’officier secondaire répondit que le nombre de « pièces » s’élevaient à 125, et que l’on pouvait fermer les portes.

Il faisait noir maintenant. Déjà, des gens commençaient à se plaindre. J’aurais aimé qu’ils se taisent. Nous étions prêt à démarrer, mais le train n’avança que au soir. Il avançait lentement. J’avais soif. J’avais faim aussi, mais c’est surtout le manque d’eau qui se faisait ressentir.


Dernière édition par Matthias Speth le Mer 14 Aoû - 22:02, édité 3 fois
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20 Septembre 1940 - Gare de Willebroek, Belgique : Allez ! Au Cachot !

J’avais survécu, non sans peine. J’avais la gorge en feu, nous avions juste eu un peu d’eau le 3ème jour. Mais j’étais encore en vie, ce qui n’était pas le cas de beaucoup d’autres. Le sol était jonché de cadavres, des vieux, des femmes enceintes – j’ai une pensée pour ma Maman, que j’écartai de suite, parce qu’elle me faisait violence, elle me faisait souffrir- des enfants. De tout…

Les nuits avaient été atroces, remplies de cauchemars, de plaintes bruyantes ou silencieuses. Certains même, tétanisés par la faim essayaient de manger les cadavres couchés silencieusement à jamais là, dans le wagon.

Nous avions appris le soir du départ notre destination : Breendonk. Consonance étrangère. Néerlandaise, j’aurais dit. Donc nous nous dirigions vers la Hollande ou la Belgique. Par un petit trou dans le train, nous avons vu les noms de villes par lesquelles nous passions. Certaines étaient connues, d’autres moins. Je ne m’y connaissais pas encore vraiment en géographie étrangère. Stuttgart, Mannheim, Frankfürt, Köln… Puis, nous avons quitté l’Allemagne, nous sommes passés par des villes comme Verviers, Liège, Leuven, Mechelen et enfin Willebroek. Si je devinais bien, nous étions en Belgique. Le train faisait souvent des haltes inutiles et terriblement longues. Ce qui fut le plus dur, c’était sans doute la résistance psychologique.

Nos proches, notre maison, notre vie d’avant, nous manquait déjà terriblement, d’autant plus que nous savions pertinemment bien que nous ne reverrions jamais rien de notre vie antérieure.

Je voulais repenser à tout ce qui s’était passé depuis ces quelques jours. Mais je m’en sentais pas capable, manque de force. Je me promettais néanmoins de réaliser cette lourde tâche plus tard, quand je ne serais plus en mode survie. Là, je devais concentrer mes forces pour ne pas quitter cette vie.

Les portes s’ouvrirent d’un coup. L’air frais qui en sorti me faisait du bien. Des soldats montèrent dans le wagon, nous agrippaient avec force et nous jetaient dehors.

-« TOUS DANS LES CAMIONS ! » disait-on sur le quai. Les soldats se faisaient plus menaçant ici. Le jeu avait vraiment commencé, visiblement. Ils n’hésitaient pas à tirer en l’air pour nous effrayer, ou à lever la crosse de leurs armes pour enlever ne fusse que toute idée de tentative de fuite. Je cherchai brièvement Maman ou toute tête connue dans la foule. Je ne vis personne, j’espérais juste qu’ils ne leur était rien arrivé, qu’ils n’avaient pas subi le même sort que les cadavres dans le wagon. Je jetai d’ailleurs un regard derrière moi, pour voir l’état des corps jonchant le plancher. J’aurais bien voulu faire quelque chose, mais quoi ? Ils étaient de toute façon morts. Il n’y avait plus rien à faire…

En plus, les soldats nous pressaient à monter dans un des camions. Je tentai tant bien que mal d’embarquer dans une remorque, mais j’étais trop petit. J’allais m’agripper et me relever. Mais un soldat du me voir, m’agrippa et me jeta sans ménage dans le camion. Les quelques personnes qui étaient déjà présentes riaient. Mais ils furent vite calmés par le soldat qui m’avait « aidé ».

-« Ca vous fait rire ? Vous voulez la même chose ? »

La chute avait fait mal, d’autant qu’il y avait des clous dans le plancher en bois du camion. L’un d’eux du m’effleurer le bras, parce qu’une douleur de chien m’envahit. De toute façon, du point de vue des officiers, je ne devais rien mériter d’autre, puisque je ne valais pas plus qu’un chien errant des rues.

Mon nez aussi criait de douleur. Il s’était écrasé contre les planches en bois. Une larme perla de mon œil, que je tentai de retenir. Puis, je me relevai, en cherchant les forces qui me restaient. J’étais à bout de souffle pour le moindre geste. Je me rangeai dans un coin, silencieusement. Le camion se remplit, nous étions serrés comme des sardines. J’étouffais, je suffoquais. J’allais mourir. Ma courte vie approchait de sa fin. Je fermai les yeux… et ne les rouvris pas.

20 Septembre 1940 – Camp de Breendonk : Comment ai-je pu ?

Pas tout de suite du moins. Je ne me sentais pas bien, j’avais faim, soif. J’étais fatigué, le monde tournait, devenait fou. J’avais chaud et froid à la fois. J’avais besoin d’air, mais j’étouffais dans ce camion, serré contre les barres en métal qui me pressaient ma peau. Elles n’étaient pas bouillantes – même plutôt glaciales – mais elles me brûlaient mon dos, laissant des traces qui ne partiraient peut-être jamais. Je nageais en plein délire.

Heureusement, j’entendis les pneus crisser, ce qui indiquait que l’on arrivait. Mais je n’arrivais pas à me retourner pour confirmer ma pensée. Ma seule vue possible actuelle était une aisselle. Soudain – à mon plus grand bonheur- la foule se desserra petit à petit et l’oxygène circula à nouveau.

Je sortis à mon tour. Devant moi, se dressa un bâtiment  en béton armé gris, sinistre. Une troupe s’ameutait déjà devant la grande porte en bois ouverte. Elle se dirigeait vers une salle sur le côté. Les soldats ne semblaient pas encore très expérimentés. J’entendis dans la foule que c’était parce que le camp venait d’ouvrir. C’était bien possible. Toujours est-il que mon destin ne semblait pas pour autant plus radieux. Je cherchais mes proches, mais j’avais beau tendre le cou dans toutes les directions, aucune tête connue ne se pointait à l’horizon. Tant pis… Je ne savais pas trop qu’en penser à vrai dire. Etais-je triste ? Oui et non. Bien sûr je m’étais attaché à ma maman. Pour mon papa, la situation actuelle était un peu plus compliquée. Mais j’avais toujours eu la force ou la faiblesse –selon le point de vue et la situation- de rester assez indépendant. Tant que je n’étais pas sûr que je ne les reverrais jamais, je préférais penser à autre chose, on verrait plus tard. Pourtant, je me surpris à être devant la porte, fermée. Ça allait être mon tour.

En effet, la lourde porte – néanmoins de taille plus sobre que celle de l’entrée principale tourna sur ses gonds, pour me laisser entr’apercevoir une vaste pièce vide, éclairée par des fenêtres en hauteur, inaccessible pour un humain normal, et de surcroît barré par des barreaux épais et rouillés. S’enfuir par là-bas semblait peu réalisable.  

Un homme était debout en face d’un tabouret. Il m’ordonna d’avancer. Il semblait étonné par mon jeune âge.

« Viens donc ici, mon garçon ! » me dit-il d’un ton un peu sec. Je n’aurais pas du survivre selon lui, sans doute. Une flamme de rage se mit à brûler en moi. Je n’avais jamais eu ça. Je n’arrivais plus à me contrôler. Le raseur ne se méfiait de rien. Évidemment, que pouvait bien faire un petit enfant de 6 ans à une personne adulte, aussi exécrable qu’elle soit. Toujours est-il qu’ils n’avaient pas le droit de m’enfermer. Je n’avais fait qu’aider mon prochain. Où est la justice encore si l’on considère cela comme un crime ? L’homme en uniforme impeccable s’était retourné pour s’occuper de je ne sais quoi, cela m’était complètement égal. Je bondis sur la lame de rasoir qui aurait du servir à m’alléger de mes cheveux, à en juger par les petits tas de cheveux mal rasés sur le sol. Je me proposai à moi-même d’échanger les rôles et de l’alléger non pas de ses cheveux mais de son sang. Bien sûr, je ne demandai pas son avis, il m’importait peu.

Il me vit avec l’arme improvisée en main. Il se mit à rire. Erreur.

-« Ahah, petit, qu’est ce que tu fais là, tu crois vrai…. »

Sa gorge était déjà tranchée, dans l’artère. Si celle-ci était percée, c’était la mort assurée. Ne me demandez pas d’où je sais ça. Il laissa échapper un cri aigu, qui me sorti de mon état de folie inconsciente. Des cris venaient du couloir. Une révolte s’était visiblement ouverte, des protestations jasaient dans tous les sens, que les soldats et gardes tentaient de mater, en vain. L’homme s’affalait contre le mur.  Mes mains étaient mouillées. J’y jetai un coup d’œil.

Le liquide rouge coulait sur mes doigts, et c’est ainsi que je pris pleinement conscience de l’acte que je venais de commettre. J’étais un monstre… J’avais envie de pleurer. J’avais tué quelqu’un. Même si cet homme avait voulu m’enfermer, me torturer peut-être, où n’importe quoi, c’était un homme !

Plongé dans mes pensées – celle de me tuer moi-même tellement je me répugnais m’effleura l’esprit-, je fus sorti de mes cauchemarderies par la présence de quelqu’un. Et voilà, j’étais découvert. J’allais être amené au bûcher…

En fait non. C’était un garçon, plus grand que moi, qui n’avait pas l’air méchant. Il avait une tête de français, j’aurais dit à première vue. Mais peu importe, il n’était sûrement pas un soldat. Il enfila pour autant la veste de l’officier que je venais d’assassiner. Il n’avait pas vraiment un beau visage, il n’avait pas l’air en forme, il était même dans un piteux état.

Il me prit par la main et me tira pour que je le suive. Je ne bronchai pas et le suivit. Il courait assez vite, pour quelqu’un qui avait du rester plusieurs mois dans un camp. J’arrivai néanmoins plus ou moins à le suivre, sans doute parce qu’il tenait ma main. Bien que je sois plutôt mince et grand, je n’étais pas bon en sport. Comme des camions continuaient à arriver, les grilles barbelées qui empêchaient habituellement quiconque de passer sans un mot de passe ou un contrôle de ce style étaient grandes ouvertes. Les soldats, trop occupés à calmer la foule de prisonniers ne nous remarqua pas. En deux temps, trois mouvements, nous étions en dessous d’un des camions. Personne ne regarderait probablement par ici. Puis, un bloc plus loin nous offrait une cachette parfaite ou personne ne pourrait ne voir, d’aucun des deux côtés de la route. Lorsque le champ était plus ou moins libre, nous nous y faufilions discrètement. Et nous attendions. Petit à petit, le calme était revenu, et après le comptage raté, tout le monde était à l’intérieur. Ça faisait du bien, et pourtant, ce n’était vraiment pas le moment de s’endormir et de faire une sieste. Nous ne pouvions pas prendre le risque de parler non plus, sous peine d’être repéré si proche de la victoire.

Je savais maintenant que je ne reverrais jamais  mes proches, je m’étais enfui du camp ou étaient ma Maman, et je devais m’enfuir, à moins de vouloir mourir dans d’atroces souffrances –même si je ne méritais pas moins pour mon meurtre de là tantôt. Je me surpris à verser une larme, devant mon compagnon totalement inconnu. Ma main rougie me faisait souffrir psychologiquement. Étais-je donc vraiment un monstre ? Mon futur ami vit cette goutte couler sur ma joue, et la chassa d’un geste de la main. Je le regardai longuement, mais lui observait quelque chose d’autre. Il avait du être plutôt beau à l’époque. J’aurais bien aimé voir à quoi il ressemblait.

Il faisait nuit maintenant. Il se leva, et d’un simple coup d’œil, me demanda de l’accompagner. Sans poser de questions, je le suivis. Que pouvais-je faire d’autre de toute façon ? Nous avons marché pendant longtemps, très longtemps. En marche heureusement, j’étais assez endurant, contrairement au reste. Le garçon ne parlait toujours pas. Je le laissais nous diriger, il était plus grand après tout, il semblait savoir ce qu’il faisait depuis le moment où il avait pris la veste de l’homme mort. Je ne le connaissais pas – pas même son prénom- mais je savais étrangement que je pouvais avoir confiance en ce garçon. Enfin, nous pouvions apercevoir  de la lumière, au loin, qui se rapprochait. J’espérait juste qu’il ne s’agissait pas de ce fameux tunnel que des gens dans un coma profond on déjà pu décrire comme étant celui qui mène à la mort.

20 septembre 1940 – Gare de Willebroek : Mais en fait, t’es qu’un sale Bosch ?

À quai, s’afféraient des ouvriers à embarquer des caisses de marchandises, tandis que le chauffeur de la locomotive à vapeur réglait un problème technique à sa machine. Bref, lorsque nous montions dans un des wagons en bois qui me rappelaient trop ceux qui nous avaient amené ici, personne ne nous remarqua. Ils étaient occupés à remplir les deux dernières voitures.

Puis, une à une, les portes des wagons se refermèrent, mais pas avec des cadenas. Un vent léger passait dans le wagon, le vent de la liberté…

Le garçon ouvrit une caisse, et en sorti de la nourriture. Il en prit par petites portions, son estomac s’étant sans doute fragilisé durant sa période de détention. Je mangeai aussi, et bu surtout. Cela faisait du bien de sentir ce liquide pur passer dans sa gorge. On ne s’en rend pas compte quand on a accès à l’eau potable tous les jours.

-« Au fait, je m’appelle Gabriel » dit-il en français, avec un accent qui confirmait bien mes pensées. « et toi ? »

-« Je m’appelle Matthias. »

Soudain sa mine se refrogna.  Je l’entendis entre ses dents murmurer quelque chose comme « Mais en fait, t’es qu’un sale Bosch ? Tu fait partie de ces barbares là-bas ? » avec une intonation de dégoût.  

Je ne voulais pas m’énerver. D’ailleurs, très franchement, cela ne m’affectait pas. Mais en mémoire au courage de mes parents- du moins de ma Maman et quand même un peu de mon Papa- je ne pouvais accepter de telles remarques.

Je lui répondit calmement : « Gabriel, c’est pas très juste de dire ça de moi et de ma famille. Nous n’avons jamais supporté Adolf Hitler… » Et il s’évanouit.

21 septembre 1940 – environ 1er octobre 1940 : Gare d’Ostende : Bye-bye Belgium, Good Morning United Kingdom.

Nous n’avons plus vraiment parlé durant reste du trajet. Gabriel s’assoupissait souvent. Et il ne semblait pas vraiment enclin à poursuivre la discussion avec moi pour le moment.  

De nouveau, Gabriel prit les décisions. Il semblait avoir calculé tout ses plans dans sa tête. Il m’impressionnait. Même s’il avait des idées un peu arrêtées sur les Allemands, j’allais le faire changer d’avis, à partir de ce moment là, j’étais à peu près sûr de bien m’entendre avec lui.

Nous avons donc décidé – en fait Gabriel a proposé très brièvement d’aller en Angleterre, ce qui je me suis empressé d’accepter (je ne pouvais de toute façon rien proposer d’autre)- de rejoindre le seul pays qui résistait encore à la force Allemande.

-« Le seul moyen de s’y rendre est le bateau. Il y a un port à Ostende. »

-« Comment tu sais ça, toi ? »

-« J’ai entendu un ouvrier dire quelque chose qui ressemble à Hafen en allemand, et qui veut dire port. Je crois que c’était du néerlandais. »

Il hocha de la tête, se retourna, et se mit à avancer. Il semblait avoir une bonne orientation, ou un bon flaire, car il trouva le port assez rapidement. La foule s’empressait autour d’un bateau. Le chef de port cracha dans son micro quelque chose comme « Dernier embarquement pour le bateau numéro 54 360 à destination de Harwish, Grande-Bretagne! »

Nous avons échangé un regard. La chance nous souriait. Nous avions trouvé le moyen de locomotion qu’il nous fallait. Nous nous faufilâmes ainsi parmi les moult personnes  qui se pressaient à rentrer dans le bateau. Nous n’avions ni ticket, ni passeport. Nous nous sommes donc cachés pendant les quelques heures de navigation dans un placard à balais.

Gabriel ne supportait pas la navigation, il avait le mal de mer. Il vomit plusieurs fois, mais pourtant, il semblait aller un peu mieux à chaque fois. J’étais heureux pour lui. Il me souriait plus souvent, même si je lui parlais peu – pas que je ne l’appréciais pas, mais parce que ce n’était pas dans mon caractère – il n’y avait plus cette appréhension dans son regard. C’était important. Il troqua sa veste de soldat de la Wehrmacht contre un veston que portait si bien le personnel du bateau. Ainsi, nous nous faufilâmes encore à travers les gens sans être vu : être petit, c’est  rudement pratique !

En posant le pied sur la terre ferme, Gabriel me souffla un « merci » à l’oreille.

-« Qu’est ce qui me vaut cet honneur ? » lui dis-je avec un sourire.

Il ne répondit pas. Il était abasourdi. Les gens ne parlaient pas français ici, mais bien anglais. Heureusement pour lui que je maîtrisais la langue de Shakespeare.

Les jours qui suivirent, nous marchions, traversant la campagne anglaise, et quelques villes, de temps en temps. Gabriel était très bon pour trouver de la nourriture. Mais il avait besoin de beaucoup de repos. Et d’une écoute aussi. Il me raconta son histoire. Ses deux papas d’abord – chose qui me parut étrange à première vue parce que personne ne parlait de ça, c’était tabou, mais qui, par après, ne me sembla pas plus étrange que ça, le plus important est que Gabriel ai été heureux, et rien qu’à l’entendre, ça avait été le cas- et puis son aventure jusqu’ à notre rencontre. C’était terrible. Cela me faisait frissonner. Les hommes me faisaient décidément bien froid dans le dos. Je comprenais qu’il ai besoin de parler à quelqu’un. Et je ne portai aucun jugement à son histoire, ni négatifs, ni positifs, même si je n’en pensais pas moins. Seulement, je crois qu’il voulait juste se libérer de ce fardeau. Je ne voulais pas le lui alourdir.  

Physiquement, il allait mieux aussi. Même s’il semblait faible, il était moins pâle, et plus beau. J’avais bien peur pour lui néanmoins qu’il ne garde des séquelles à vie de cette bien triste aventure.

• ARRIVÉE AU CAMPUS  :

Nos marchâmes ainsi plusieurs jours, peut-être plusieurs semaines, plusieurs mois, plusieurs années. Nous n'avions plus conscience du temps. La seule conscience qu'il nous restait, c'était que nous ne tiendrions plus longtemps ainsi. Le paysage nous indiquait néanmoins que nous avions bien avancé vers nul part, puisque nous ne savions pas où aller. Les lacs se faisaient plus nombreux ici, tout comme le relief se creusait ici.

Soudain, là, sur le bord de la route semblait se dresser un genre de laboratoire. Nous étions assoiffés, sans eau, sans rien. Le bâtiment d'accueil semblait neuf et nous barrait le chemin vers une forêt dense - encore une - mais vraiment magnifique. Nous étions bien donné, surtout vu le titre : Modern Institut of Seafront. C'est peu dire qu'ils auraient de quoi nous donner à boire!

Dans son guichet, une dame restait assise là, un livre dans les mains.

-"Hello!" dit-elle d'une voix crispée, elle ne devait pas beaucoup être dérangé. Puis, elle jeta un coup d’œil à notre piteux état et prit sans doute pitié, parce qu'elle emprunta une voix bien plus douce "How, what happened to you, my little boys?"

-"Good morning..." était-il seulement le matin? "It's complicated, we'd like to get some water because we are thirsty and really tired" Pouvais-je tout lui raconter? J'attendai de voir ce qu'elle allait répondre. Gabriel me lança un regard interrogateur. Le pauvre ne comprenait rien.

-"And your parents don't care of you?" s'étonna-t-elle.

Je rougis. "We have no parents any more, I think. They are dead in the war."

À son tour de rougir. "I'm so sorry for you, my dear boys. But I have maybe a great news for you..." Elle ne dit pas plus, et prit son téléphone, marmonna quelque chose dans son combiné et puis raccrocha. Je traduis donc la discussion à Gabriel, avant qu'une femme ne surgisse. Elle était grande et élégante.

-“Hi, you there !" s'exclama-t-elle' My name is Kathleen Stevenson. Nice to meet you, but… What are you exactly doing here?”

-“Hello, Mrs Stevenson . Sorry, but my friend doesn’t speak a word of English. He’s French.”

-“Ok, aucun soucis, je sais parler français” dit-elle d’un ton amuse. « Suivez-moi, nous allons aller discuter dans mon bureau, là-bas, derrière. »

Nous avancions donc tous les trois, quittions le bâtiment d'accueil, avant de nous enfoncer dans la forêt. Puis, nous arrivions devant un bâtiment élégant. La porte d'entrée principale était en bois massif, élégamment taillé, le couloir somptueux quoiqu'assez ancien. Mais tout ça ne faisait pas très laboratoire. C'était fort étrange. Puis, enfin son bureau de travail.

-« Vous n’avez pas de parents ?»

-« Ils sont morts, ou encore en vie dans un camp en Belgique… » dis-je sans grande émotion.

-« Cela ne t’affecte pas, on dirait… » remarqua-t-elle assez justement.

-« Si, je crois, je ne sais pas très bien, à vrai dire. Je verrai dans les jours à venir, quand je pourrai être plus tranquille. »

-« Ici, par exemple ? »

-« Où est-on ? »

-« Bienvenue à la Modern Institut of Seafront  – au fait, quel est ton nom ? Matthias ?- Matthias. Son nom est trompeur, mais en fait, c’est un sorte d’orphelinat ou on sélectionne les garçons et les filles orphelins intelligents et bon en sports. »

-« Je ne suis pas bon en sport»

-« Ah oui ? Tu sembles quand même avoir marché longtemps avant d’arriver ici. Je peux voir ça à ton état général et à tes semelles. Elles se déforment fortement en marchant beaucoup. Peu importe. Et puis, tu me sembles assez intelligent. Tu sais parler anglais et français parfaitement à ce que je vois. »

-« Et allemand… Je viens de München.» Gabriel ne disait pas grand chose, il semblait un peu apeuré.

-« Intéressant... Si vous acceptez de rester ici, nous nous occuperont de votre histoire personnelle quand nous constituerons votre dossier. Il faut tout de même que je vous explique une particularité de cet orphelinat. Si vous venez ici, vous prenez la nationalité anglaise et vous devenez un espion au service de Sa Majesté… »


• FAMILLE  :

Le père de Matthias, Marc Speth,  est mort dans sa maison à München, les soldats n’ont pas réagi assez vite, et lorsqu’ils ont repensé au corps ensanglanté, celui-ci n’était déjà plus qu’un cadavre. Il semblerait, après recherche, que Caroline Speth, la mère de Matthias, soit morte en sortant du train. Des témoins l’ont en effet vue allez vers un soldat parce que le bébé qu’elle portait dans son ventre était occupé à sortir, et qu’elle ne pouvait plus supporter la douleur. Dans un mouvement d’inconscience sans doute, le soldat à qui elle s’est adressée l’a poussé par terre, ventre le premier. La femme est morte sur le coup. Mrs. Stevsnson ne sait toujours pas s’il faut mettre Matthias au courant de cette sordide affaire.

Concernant la famille qu’ils ont abrités plusieurs mois durant, ils survivent. Mais les soldats lui rendent la vie très dure, parce qu’ils sont juifs.

La famille plus lointaine était en dispute avec le couple, notamment parce que ses parents haïssaient le nazisme que d’autres membres de sa famille portaient en admiration dans leur cœur.  
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MessageSujet: Re: Présentation de Matthias Speth   Présentation de Matthias Speth G1oWKMer 4 Sep - 22:54

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  • Ma/mes langue(s) maternelle(s) : Allemand et français
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  • Mes deux sports de combat: Judo et karaté
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MessageSujet: Re: Présentation de Matthias Speth   Présentation de Matthias Speth G1oWKDim 2 Aoû - 14:54

Fiche de l'agent - 1940

Présentation de Matthias Speth 764262PASSEPORT

Matthias
SPETH




:copyright: Obsession
• NOM : Speth
• PRÉNOM(S) : Matthias

• NÉ(E) LE : Le 15 mai 1933
• À : Munich

• AGE : 8

• ORIGINE : Allemand

• UNITÉ : Unité B

• MATRICULE : A1B2

Présentation de Matthias Speth 740643physique Présentation de Matthias Speth 594192psychique


POIDS :25kg
TAILLE :115 cm
CORPULENCE :mince
YEUX :bruns
CHEVEUX :bruns
AUTRE : RAS


PHOBIE :Les araignées et les trains.

CARACTÈRE : (10 lignes minimum)
En sept ans, Matt’ a considérablement changé, passant du petit enfant souriant, joyeux et sautant gaiement partout au petit garçon sombre, très réservé et bien trop sérieux pour son jeune âge. Le côtoyer ne doit pas être facile tous les jours. Même si sa courte vie l’a rongé de l’intérieur, tout n’est pas pour autant noir, à condition que l’on cherche bien, ce qui n’exclue pas une amélioration de son état mental dans les années à venir. Néanmoins, n’importe quel psychologue dira qu’un tel fait est très peu probable. En tous les cas, les faits marquants de sa vie l’ont véritablement transformé, positivement ou négativement.
Par sa multi culturalité, il tolère vraiment la différence, y porte même une certaine fascination et un certain respect. Lorsqu’il voyageait avec ses parents, il portait une curiosité rare à tout ce qu’il voyait, cherchait à comprendre les éléments qui l’entourait, et d’une certaine manière à ne pas être surpassé par ceux-ci. Tout ceci lui permet de facilement s’adapter aux situations diverses qu’il rencontre.
Matt’ s’est par ailleurs vite révélé très intelligent et assez indépendant d’esprit à l’école. Et cela ne l’avantageait pas toujours : bien sûr, il n’est pas dupe, il n’est pas facilement influençable, mais de ce fait, il n’obéit pas toujours aux ordres et se fait remarquer pour sa résistance face à l’autorité, lui valent des doigts maintes fois frappés à la latte. Bref, ces aptitudes diverses ne lui valent pas que des amis, loin de là : cela engendre une exclusion certaine puisqu’il ne suit les autres que s’il est d’accord, ce qui est assez rare. C’est aussi ainsi qu’il ne tombe pas dans le panneau du nazisme, il ne fait pas partie des jeunesses hitlériennes, lui valant des regards de travers.
Pourtant, et même si on est loin de s’imaginer ça aujourd’hui, il a un grand cœur et prête toujours main forte aux plus démunis et aux opprimés, même si son champs d’action est assez limité.
Malgré cela, des difficultés lui persistent à donner sa confiance en quelqu’un. Ses amis se comptent donc avec les doigts d’une seule main.
En fait, son plus gros problème est qu’il ne croit plus en personne, après son passage au camp. Sûrement pas en Dieu, mais pas plus dans l’être humain en général, et encore moins en lui-même. Il ne croit plus en un avenir meilleur, aussi bien proche que lointain. On pourrait, pour résumer- et c’est terrible à dire pour quelqu’un de cet âge là- expliquer qu’il ne croit plus en la vie.
S’il est intelligent, il n’en a pas moins peur, surtout de son propre corps et de sa propre tête, depuis ce jour où ses mains furent couvertes du liquide rouge si précieux. De toute cette situation, il en fait des cauchemars toutes les nuits, jusqu’à en avoir peur de dormir.
En conclusion, il est probable qu’il ai besoin de gens derrière lui, Gabriel en premier, pour peut être commencer à évoluer. Et il est fort probable que la tâche soit ardue pour ces personnes-là. Pas de devoir subir une colère de la part de Matthias, une telle chose n’arrivera jamais- d’ailleurs aucune émotion n’arrivera jamais à personne dans sa voix, parce que Matt’ a visiblement un talent inné pour ça- mais plutôt parce que le processus de guérison risque d’être fort fort long et de requérir de ses amis et médecins une patience infinie.
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