J’avais beaucoup apprécié cette fête de Saint-Nicolas, et cela me consolait de ne pas être à l’institut pour Noël. Certes, ce n’était pas une catastrophe, puisque mon cadeau serait mon accréditation en retard, mais cela me manquerait sûrement un peu. De toute manière, il y en aurait un autre l’année prochaine, et j’avais autre chose en tête. Si être dans un lit moelleux et dans une pièce chauffée me donnait envie de dormir le plus vite possible, surtout que j’étais installé de manière confortable, je ne pouvais pas me permettre de laisser passer une occasion de trouver de la nourriture. On avait préparé déjà quelques affaires dans la journée avec Ayn, mais on avait décidé d’attendre la nuit pour trouver de quoi se nourrir, bien que j’aie pris un morceau de pain au repas. Je l’avais d’ailleurs caché dans mon sac.
Deux inquiétudes me venaient à l’esprit. D’abord, notre escapade ne servirait à rien si on fouillait nos sacs et au contraire, nous handicaperait. Et si on se faisait prendre… Je me demandais bien quelles punitions étaient en rigueur au MIS, et je regrettais finalement de ne pas avoir posé la question à Kathleen le jour de mon arrivée. D’un autre côté, ma partenaire n’y avait pas pensé non plus, donc elle ne pourrait pas me le reprocher. J’attendis un moment, faisant semblant de dormir, que le bâtiment tout entier soit endormi. Il serait embêtant de croiser la directrice dans les couloirs.
D’un autre côté, Stevenson était plutôt gentille… On pouvait donc imaginer qu’elle fermerait peut-être les yeux sur notre sortie nocturne si elle nous voyait non ? Non, elle n’était tout de même pas coulante à ce point… Quoi qu’après tout, on ne savait jamais. De toute manière, je n’avais pas l’intention d’être vu en train de rôder dans la cuisine, et c’est pour ça qu’on avait décidé d’agir la nuit, comme les chauves-souris et non pas à un moment donné de la journée.
Finalement, quand le moment fut venu, je me levais en même temps que la petite blonde, un peu ensommeillé pour aller garnir nos sacs. Je pris le mien et nous quittâmes le dortoir à pas de loups. J’espérais qu’aucun de nos camarades de dortoir ne se réveillerait, bien que je ne pense pas qu’ils nous dénonceraient. Après tout, ils avaient tous passé le PEI ou bien ils allaient le faire. Donc de toute manière, ils devraient comprendre. Et puis, c’aurait été bête de notre part de ne pas profiter d’être rentrés pour la fête ! J’hochais la tête à la proposition de Ayn, et on fit route jusqu’à la cuisine.
J’étais à l’affût, guettant le moindre craquement et ceux-ci me faisaient sursauter à chaque fois. D’ailleurs, nous avions eu de la chance car aucune latte de parquet ne craqua. C’était déjà une chose qui me soulageait. Très concentré sur ma tâche à venir, j’appuyais doucement sur la poignée de porte… Qui était bloquée. Je n’avais pas pensé un seul instant à ce qu’elle soit fermée. Je regardais aux alentours, et m’adressais à ma partenaire en chuchotant.
-Elle est fermée ! Tu sais, il est sensé y avoir un porte manteau près de la cave ! Je crois que c’est là que Kathleen mets ses trousseaux de clés ! On y va.
Je ne lui laissais pas le choix et parti dans cette direction. On avait tout de même été malchanceux sur ce coup-là. Avançant dans la pénombre, je ne réussis à me diriger au bon endroit que grâce à ma connaissance des lieux. Finalement, on arrivait vers cet endroit et je réfléchissais déjà aux endroits où cette clé pourrait se trouver au cas où elle n’était pas là.